Au pays des Sabaidee... (Ca va dit..??!!)

  • Yann
 10 km avant la frontière Vietnamienne, un vent glacé qui vient de l'autre côté de la montagne me fait avancer au DSCN1814ralenti. Mais il me fait parvenir à toute vitesse une chaleur que je connaîs bien. Les Zarmalouloux!!! Les copains sont là au tournant et ce sont des retrouvailles chaleureuses au milieu de la route. Demi-tour pour moi, je redécouvre certains lieux par lesquels je suis passé et re-rencontre les personnes chez qui j'ai logé ou avec qui j'ai partagé un moment. Au village suivant, on repasse dans une maison où je m'étais fait inviter une heure plus tôt. On fête ici la naissance d'un enfant. Découverte pour les louloux du riz collant, cuit à la vapeur dans un panier tressé, ainsi qu'une manière très conviviale de boire de la chicha de yuca (fermenté). Ils sont 6 ou 7 autour d'une grande amphore en terre cuite. Celle ci est remplie de yuca coupé menu. Chacun boit à l'aide d'une grande tige de bambou, à l'unisson pour que l'eau qui est remplie au fur et à mesure, descende.
Dans la foulée nous trouvons une école, on demande l'autorisation et cric-crac le spectacle sort des sacoches.  Les enfants rient autant que nous! C'est la fin de l'école alors on repart et les enfants, tous à vélo, nous accompagnent un bout de chemin en riant aux éclats.
 
 
 
 Au Laos tu croiseras des laotiens bien sur mais aussi beaucoup de cyclotouristes. En moyenne un par jour ! On a aimé leurs styles et motivations diverses et variés qui les réunissait autour de ce même moyen de transport. Petite présentation : tu rencontreras le cyclo futé comme Gustav qui explique que pour le prix qu'il paye le chauffage et l'électricité a cette époque de l 'année en Allemagne, il préfère tout autant s'adonner à sa passion dans des coins sympas et chauds ; le cyclo improvisé comme Tom qui, parDSCN1637ti barouder en bus et mobylette au Vietnam a troqué ses montures motorisées pour une bicyclette avec laquelle il est allé se perdre loin des sentiers battus, dans la jungle, au Cambodge ; le cyclo contemplatif et curieux, Andréas qui aime aller a la rencontre de nouvelles cultures et pédaler dans de belles contrées lointaines ; et enfin le cyclo cyclo, Martin, qui possède un atelier de vélo en Suisse, et profite de se retrouver lui et son destrier, on the road again !
 Une belle rencontre aussi avec Winston qui marche sur 8000km entre Singapour et la Chine, en faveur d'une ONG, qui opère des personnes nées avec un bec de lièvre.
 Le Laos regorge aussi de merveilles naturelles. La grotte de Konglor nous a par exemple beaucoup impressionné. C'est en fait un tunnel qui relie le village du même nom et celui de Nathane, en passant sous une montagne imposante. 8 km de souterrain calcaire grandiose, où le temps et l'eau ont habilement sculpté des antichambres de 30 mètres de haut, des colonnes colossales en spirale, des créations surréalistes de cristaux de calcaire pétrifiés. Tu la traverses dans une petite embarcation en bois avec des lampes torches.

A quelques 40 km de la, des montagnes nous font suer pour la bonne cause. Arrivés en haut du petit col, un paysage lunaire et féerique s'impose devant nous. Des montagnes de pierre volcaniques se brisent en dent de scie sur le grand ciel bleu. Des châteaux forts, des personnages mythiques, des animaux se laissent facilement imaginer dans ce décor Tolkienien. 
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 Ce qui est aussi très frappant au Laos c'est la ferveur dans les croyances, leurs manifestations et pratiques exprimant cette foi. En effet, 90% des Laotiens sont bouddhistes. Preuve en est, partout des temples se construisent. On croisait au moins un chantier par jour. Bouddha est partout, dans les temples, juché en haut d'une belle montagne, sur le bord des routes, chez les gens, doré, les oreilles pendantes de sagesse... Aux premières lueurs du jour, tous les matins, on peut entendre les chants de la prière. Au niveau des rituels, les laotiens (valable en Thailande) possèdent devant chez eux la représentation d'une maison miniature, celle-ci correspond à l 'esprit de la maison, on lui donne de la nourriture et à boire pour qu'il protège ses occupants. Les arbres sont sacrés aussi puisqu'ils sont des manifestations de l'esprit de la terre et que Bouddha a choisi l'un des leurs pour y méditer. Ils les parent donc de tissus sacrés, colorés, imbibés de prière et de remerciements qui volent au vent. Beaucoup de fleurs, d'encens et d'offrande ponctuent la vie quotidienne. Le bouddhisme est aussi inséparable de l'hindouisme et de l'animisme alors c'est comme ça que tu retrouves des statues de Ghanesha (Dieu a tête d'éléphant), Vishnu (Dieu créateur du monde, avec ses nombreux bras), mais aussi des statues représentant la terre mère ainsi que des offrandes au pied des montagnes.  

La veille d'arriver à Pakse, nous nous arrêtonsun peu a l'écart de la route, sur une plate forme terrestre,à DSCN2075deux pas de quelques maisons sur pilotis. On nous indique un endroit pour faire du feu et toute la famille vient s'installer autour du foyer... un sommier de lit est vite amené pour faire office de banc. A part la maman, tous nos hôtes sont des enfants. Nous sortons nos numéros de jonglage et nos nez rouge, chahutons et rigolons pendant un long moment. Les sourires sur tous les visages reflètent une atmosphère joyeuse et détendue. Après avoir chanté des airs sud-américains, nous invitons les enfants à des exercices de jonglerie et de pitrerie dont ils ne se lassent pas et nous restons surpris devant les qualités d'assimilation et d'innovation dont ils font preuve (face à une balle de jonglage, des massues, la guitare et le rythme de la musique). La scène paraît surréaliste avec ce lit au milieu de rien et toutes ces ombres qui dansent dans le ciel étoilé, sous le regard bienveillant de leur mère. Elle finit par nous emmener a l'étage de sa maison à une DSCN2111centaine de mètres de là. Nous enlevons nos chaussures et nous nous installons devant un autel rempli d'effigies de bouddhas, de bougies, d'encens... et la présence de deux sculptures en pierre massive à forme humaine. Nous comprenons qu'elles représentent ses parents dont le portait n'est pas très loin. Pendant plus d'une demi heure, cette femme rayonnante, nous parle en laotien. En s'aidant du mime, elle nous raconte la mort de ses parents, assasinés pendant la guerre, et nous parle de sa vie. Difficile de savoir ce qu'elle a vraiment voulu dire, mais elle parle tellement avec son coeur que malgré la barrière de la langue, qui fait que nous interprétons tous une version différente de son histoire, l'émotion est a son comble. Nous faisons la prière avec elle, en s'agenouillant et en joignant les mains avant de toucher le sol avec notre tête par trois fois. Nous portons à tour de rôle les statues en les élevant vers le ciel avant de les reposer par terre. Peu a peu les enfants se couchent et nous finissons nous même par regagner nos pénates, émus, et disposés à passer une bonne nuit.
 
Arrivés a Pakse, ville tres charmante, nous profitons du nombre important de touristes dans les restaurants pour, comme nous avions l'habitude de le faire en Amérique, partager un moment musical. On raconte un peu notre voyage et on fait bouger la têtes des gens, venus de partout, sur un air de cumbia ou autres musiques du folklore Latino Américain. Tout le monde est aussi enthousiaste que nous, on fait de super rencontres et on se fait invités à un buffet a volonté ou l'on mange jusqu'à s'en faire baigner les cordes vocales. Ça nous fait vraiment trop plaisir de pouvoir de nouveau partager notre musique et nos expériences de voyage, beaucoup de gens étaient très émus de ce moment partagé, et on est repartis de Pakse avec presque 1 million de Kips dans les poches. Bref, un hold-up organisé, où l'on braque les gens au rythme de la cumbia... y con mucha alegria.
 Par la suite nous sommes allés nous perdre dans le plateau des Bolovens. Une montagne où l'on a le plaisir de découvrir des forets luxuriantes aux mille bruits d'insectes. Le temps y est frais, tout est verdoyant, des cascades gigantesques abondent et des papillons aussi gros que ma main virevoltent dans cet endroit magique.
En allant plus au sud, le Mékong triple de volume et 4 000 îles s'y répartissent. On passera 3 jours sur l'une d'elles pour partager toujours plus de musique et de voyage avant de passer la frontière et d'entrer au Cambodge. Par chance, l'un des des fonctionnaires travaillant a la frontière faisait partie de notre public dans les restaurants. Alors du coup on est passés sans payer de bakchich.
 
Toujours avec un train de retard, des nouvelles du Cambodge très bientôt...
Des bises à tous et... Sabaideeeee.......
Les Zarmalouloux
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