Panama...

  • Yann

Panama 4768Le départ de Colombie a vraiment été dur. On s'est tous tellement pattachés à ce pays que dans les rues de Turbo (port d'où nous partons), lorsque les gens nous demandaient de leur jouer un morceau, c'est avec la boule au ventre et les yeux tout humides, que nous leur interprétons le morceau "Colombia tierra querida". Cette chanson va d'ailleurs nous trotter dans la tête un bon moment par la suite. D'autant plus dur a été le départ que deux de nos compères, que j'appellerais plutôt des frères tellement cette aventure nous a liés, durent rester sur le quai. Sans passeport, Bessa et Tuity, ne pourront pas continuer l'aventure plus au nord. Barba et David ayant pris aussi un autre chemin au niveau de Medellin, c'est à 8 que nous entrerons en Amérique centrale. Notre aventure est maintenant "seulement" franco-argento-colombienne.

  C'est tous entassés avec nos vélos dans une barque à moteur, que nous atteindrons la frontière panaméenne et cette région des caraïbes appelée Kuna Yala. Notre première journée en ces terres fut plutôt étrange. Les indiens qui vivent ici s'appellent les "Kunas".Panama 4794 Ici, à Puerto Baldia, ville frontière, bloqués sur leur km carré de terre, peut être pour parer à l'ennui, ils feront une affaire d'état de chaque événement. En nous baladant torse nu dans les rues sous une chaleur accablante, nous nous ferons harceler pour mettre un T-shirt (nous apprendrons plus tard qu'ils ont voté une loi pour obliger le port du T-shirt...?!) et recevrons des menaces de se retrouver en prison pour avoir cueilli des noix de coco. Dans l'incompréhension devant tant de violence, on a fini par se demander " mais pourquoi sont ils aussi méchant ces "ïspices di counasses"? ".DSC01124

Nous finissons par trouver un bateau pour nous mener à la première route qui traverse la jungle du Darien, afin de pouvoir rouler sur cette mystérieuse Amérique centrale. Mais il se trouve que ce bateau, le "Don Luis", est en fait "une galère"... mais sans rames. Des problèmes de moteur feront que nous mettrons 15 jours pour effectuer la traversée au lieu de 8. Nous resterons parfois bloqués 3 jours au même port. Voyageant à vélo, nous sommes habitués à ne dépendre de rien ni de personne pour avancer, et cette situation va jouer sur les nerfs de chacun de nous au fur et a mesure. Mais d'un autre coté, nous avons eu le temps de découvrir la culture des Kunas et de se faire une autre idée de l'impression que nous a laissé Puerto Baldia.

Panama 4814  Dans l'archipel de San Blas il y a environ 365 îles dont 30 sont habitées. Les Kunas ne vivent pas sur les terres, toutes proches, du continent car elles sont infestées de moustiques et de bêtes sauvages. Ils vivent encore grandement de manière traditionnelle. Les murs de leurs maisons sont faits de branches de canne à sucre et les toits en feuilles de bananier, le tout relié par des cordelettes. Il n'y a qu'une pièce et souvent pas d'électricité. Pour subvenir à leurs besoins ils vont au petit matin en pirogue sur les terres fertiles du continent pour pratiquer l'agriculture de la coco et profitent du tourisme pour vendre leur artisanat (comme les ¨molas¨: patchwork de tissus très élaborés). Ils emmènent aussi les touristes fortunés sur les îles paradisiaques des caraïbes. Les femmes portent le costume traditionnel chamarré. Lorsqu'elles se marient elles se coupent les cheveux et portent un châle rouge et jaune. Leurs bras et leurs jambes sont couverts de perles aux couleurs vives et elles portent un piercing en or dans le nez, de plus en plus gros avec l'âge, si bien que le nez des plus âgées s'en trouve très allongé.  

Panama 4844Au début du 20ème siècle, lors de l'indépendance du Panama, les peuples indigènes ont subi de nombreux affronts de la police coloniale. DSC01107Les Kunas ont à cette époque pris les armes (fournies par les Etats Unis qui s'y mêlent) et attaqué les places fortes de la police présente sur les îles. Suite à de nombreux affrontements, ils exercent maintenant, et depuis 1925, leur propre souveraineté. Pour les prises de décisions, ils organisent des conseils, auxquels nous avons pu assister (sans rien y comprendre puisqu'ils discutent dans leur langue), le matin pour les hommes et le soir pour les femmes. Les choses sont discutées parfois pendant plusieurs semaines. Un bel exemple de démocratie! Malheureusement, l'heure du conseil semble parfois rimer avec l'heure de la sieste, car la moitié des hommes dormaient dans l'enceinte du conseil lorsque nous y avons assisté. Un homme a d'ailleurs la tâche de crier de temps en temps pour que tout le monde se réveille.  

   

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DSC01148 Après tant de jours à voguer sur les caraïbes, nous arrivons à Carti, première ville du continent dotée d'une route qui traverse la jungle du Darien. Des montées hallucinantes! Seuls les 4x4 peuvent venir à bout de ces côtes à plus de 45 degrés. Et avec nos vélos tout rouillés par l'air de la mer et nos mollets tout ramollis par tant de farniente on va se prendre une sacrée dérouillée. Obligés de pousser les vélos sur des kilomètres et dans ces conditions, 30kms dans la journée c'est déjà un exploit! Mais ça ne nous a pas empêchés de profiter de la symphonie créée par les nombreux oiseaux et singes hurleurs de cette jungle bouillonnante.  DSC01133


DSC01424 Après quelques jours nous arrivons à la capitale où se dressent devant nous des buildings plus impressionnants les uns que les autres. Nous nous logeons pendant une semaine dans un quartier cosmopolite au possible. Les immeubles les plus modernes sont voisins de ruines et de maisons rafistolées avec des planches de bois cloutées. Tout ceci car quelques propriétaires détiennent tout le quartier et ne veulent pas tout rénover maintenant, préférant jouer avec le cours de la bourse. Ainsi se côtoient ici de riches américains en 4x4 et de très pauvres familles qui squattent les lieux tant qu'elles le peuvent.

 

La suite du voyage dans ce pays se déroulera sur la seule route qui traverse le pays du sud au nord, la panaméricaine. Nous ne croiserons donc pas de petits villages en chemin et nous retrouverons très vite au Costa Rica pour fêter mes 25 ans, et 21000 kilomètres au compteur, entre musique et grosse bouffe.

 

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